18ème Congrès à Liège

19-27 Juin 2004

Résumés des communications
Jeudi 24 juin 2004

 

Jeudi 24 juin                 09h00 – 10h30

 

Session I.        Ethnologie de la France et des pays francophones II

Présidente : Claude EVANS, Université de Toronto, Mississauga

Secrétaire : Catherine PARAYRE, Universität Wien

« Quand les fées se penchent sur le berceau : la ‘plegueta’ bigoudane dans l’oeuvre de Philadelphe de Gerde », Catherine PARAYRE, Universität Wien

Native des Pyrénées, Philadelphe de Gerde (1871-1952) a défendu avec passion la langue occitane et les traditions régionales, ainsi que les droits de groupes défavorisés en raison de leur statut économique, de leur santé ou de leur sexe. Bien plus problématique est son soutien à des hommes politiques comme Charles Maurras et Philippe Pétain. L’examen d’un petit récit permettra d’observer comment se manifestent ces divers engagements dans l’œuvre de Philadelphe. En effet, l’histoire de la « plegueta », récitation magique prononcée à la naissance d’un enfant, mélange superstition et témoignages véridiques, promotion régionale et souci de la condition féminine, littérature et politique et offre le tableau d’une altérité spectaculaire et déroutante.

« L’ethnologie de la Bretagne : le cas de Pierre-Jakez Hélias », Brid NI CHONAILL, Institute of Technology Blanchardson, Dublin

Quoiqu’il soit loin d’être l’homme d’une seule œuvre, le nom de Pierre-Jakez Hélias sera toujours associé au Cheval d'Orgueil (mémoires d’un Breton du pays bigouden), son célèbre récit autobiographique, publié aux éditions Plon en 1975 dans la collection Terre Humaine. Au cours de cette étude nous nous intéresserons tout d’abord aux facteurs qui le poussèrent à mener une telle description ethnographique de la civilisation dont il était le fils. Nous nous concentrerons ensuite sur les critiques adressées à Hélias, décrit par Xavier Grall dans Le Cheval couché comme « un être tombal », avant d’examiner la façon dont Hélias justifie les orientations à travers son œuvre.

« Pèlerinages circulaires de Bretagne : Tro-Breiz et Troménies », Claude EVANS, Université de Toronto, Mississauga

Le Tro-Breiz ou « Tour de Bretagne » et la Troménie ou « Tour du domaine monastique » de Locronan sont parmi les pelerinages les plus célèbres de Bretagne. Leurs origines sont anciennes et ils ont récemment pris une dimension culturelle en tant que symboles du particularisme breton. Le premier est le « Voyage aux Sept Saints » venus de Grande-Bretagne, fondateurs de sept des anciens évêchés – Dol, Saint-Malo, Saint-Brieuc, Tréguier, Saint-Pol-de Léon, Quimper et Vannes. Le second, accompli tous les six ans, est au départ la christianisation de rites associés à l’ancienne fête celtique du premier août, Lugnasad.

 

Session II.       Mémoire et identité dans les littératures francophones II

Président : Kanate DAHOUDA, Hobart and William Smith Colleges

Secrétaire : Joubert SATYRE, Université de Guelph

« La mémoire et l’identité transmises par la femme antillaise : stratégies littéraires et cinématographiques », Christine McCALL PROBES, University of South Florida

«ô amazones» (Ode à la Guinée). Aimé Césaire célèbre « le feu de la femme » dans sa poésie en parsemant ses vers d’images évocatrices de son pouvoir. La Guinéenne est « une montagne »; l’apostrophe « ô amazones » rappelle l’héritage que l’Africaine moderne aurait reçu de ses devanciers légendaires. Lors d’un entretien vers la fin des années 80 avec Marie-Line Sephocle, Césaire a souligné le rôle crucial de la femme relatif à la mémoire et à l’identité antillaises. La communication proposée, inspirée des paroles de Césaire, explorerait la transmission de la mémoire et de l’identité dans certains textes-clés de la littérature antillaise ainsi que dans deux films d’Euzhan Palcy : Rue Cases-Nègres (1984) et Aimé Césaire : une voix pour l’histoire (1994). L’itinéraire littéraire de cette étude va nous amener de la poésie de Césaire à l’essai et à la fiction de Condé (« Habiter ce pays, la Guadeloupe », « La Châtaigne et le fruit à pain », par exemple), en passant par l’autobiographie de Chamoiseau (Antan d’enfance) et le livre admirable de Gisèle Pineau et Marie Abraham, récemment paru : Femmes aux Antilles : traces et voix. Dans cette étude je m’attacherai aux points suivants, entre autres: le sacré et le mythique, le lien entre la mémoire et le rêve, des stratégies narratives, rhétoriques et dialectiques, des techniques cinématographiques.

« Errance et altérité dans les littératures francophones », Priscilla RESHMI APPAMA, Université de Cergy-Pontoise

Le retour à la mémoire et la quête d’identité sont deux constantes des diverses littératures francophones. A travers cette communication, j’essaierai de montrer pourquoi et comment ce retour et cette quête s’effectuent en m’appuyant sur des auteurs de diverses aires francophones tels que Ken Bugul (Afrique Subsaharienne), Patrick Chamoiseau (Antilles), Édouard Glissant (Antilles), Nathacha Appanah-Mouriquand (Île Maurice), entre autres. Ce retour à la mémoire et cette quête d’identité se traduisent souvent chez ces auteurs par une certaine forme d’errance : errance physique, errance intérieure, errance réelle, errance imaginée... Une errance nécessaire pour pouvoir faire resurgir cette mémoire trop longtemps enfouie (dans le cas des descendants des esclaves africains ou des travailleurs indiens sous contrat) et ainsi, peut-être, pour avoir le sentiment d’appartenir à un lieu ou à un peuple, même si cela ne résout pas tout. Mais qu’est-ce qui pousse à cette errance ? C’est certainement ce sentiment d’exil qu’éprouvent presque tous les héros de ces romans où qu’ils se trouvent (chez eux ou sur une terre « étrangère »). Un sentiment presque normal car l’exil fait partie intégrante de leur histoire/de leur inconscient collectif (cf. la traite négrière….). Ainsi je tenterai de montrer comment cet exil où ils (ces héros) se trouvent ou encore ce sentiment d’exil qu’ils éprouvent les poussent à cette errance/quête de la mémoire et de l’identité pour pouvoir se sentir « exister », « liés » à une terre/un peuple. Mais paradoxalement, ils arrivent difficilement à se fixer : ils se trouvent constamment dans un entre-deux, n’arrivant pas à concilier le passé (la mémoire) et le présent, et errant entre le présent réel et ce passé imaginé/rêvé/mythique. Se créent ainsi, souvent, des personnages à l’identité « hybride » qui au départ sont en quête de leur identité mais qui finissent par être confronté à l’altérité – l’autre facette de l’identité…

« Mémoire et identité : lire Bernard Dadié en 2004 », Molly G. LYNCH, Skidmore College, Paris

Quelques articles signés par un des pères fondateurs de la Côte d'Ivoire et publiés récemment dans des journaux et des revues en Afrique et en France donnent à réfléchir à la manière dont l'écrivain Bernard Dadié conçoit l'identité. Forgée pendant les années les plus noires de l'occupation française, l'œuvre dadienne allie contestation et mémoire, puisant dans la tradition orale agni-baoulé les thèmes et les formes d'une conviction morale que l'auteur traduira en engagement littéraire en faveur de l'Afrique et des peuples opprimés. Aussi bien homme de tradition que rejeton du système colonial français, cet écrivain dont l'œuvre multiple (contes, nouvelles, roman, chroniques et pièces de théâtre) répondait présente à tous les moments forts de la naissance et du développement de la nation ivoirienne, sait mieux que quiconque que mémoire rime avec identité, mais dans quel but ? Le discours nationaliste et xénophobe de « l'ivoirité » qui a cours aujourd'hui dans une Côte d'Ivoire qui n'est plus que l'ombre d'elle-même, nous incite à relire l'œuvre de Bernard Dadié pour y déceler les indices d'une prise de position identitaire et, à travers l'étude de celle-ci, pour mieux comprendre, voire mieux faire face à l'actuelle crise ivoirienne.

« ‘Québec debout sur mes fièvres brûlantes’ : la hantise du lieu chez Gérard Étienne », Mark ANDREWS, Vassar College

Montréal s’inscrit dans l’œuvre poétique de Gérard Étienne dès l’année 1966 avec la parution de Lettre à Montréal. La ville y apparaît comme une terre d’asile dont les contours accueillants annoncent la construction d’une vie nouvelle, une vie, cependant, lourde des souvenirs grotesques d’un passé cauchemardesque. Je me propose dans cette allocution de revisiter les lieux de la création étiennienne dans ses ouvrages récents, tels que Maître-Clo ou la romance en do mineur, Vous n'êtes pas seul, et Le Bacoulou, afin d’en dégager un imaginaire volatile du lieu québécois, altéré par les fantasmes et figures venus d’un ailleurs haïtien.

 

Session III.     Kama Sywor Kamanda

Présidente : Barbara KELLER, Capital University

Secrétaire : Marie-Madeleine STEY, Capital University

« Le désert dans l’œuvre poétique de Kama Sywor Kamanda », Isabelle CATA, Grand Valley State University

Le désert laisse de nombreuses traces dans l'oeuvre poétique de Kamanda. Désert du Sahel, d’Éthiopie ou de Nubie, il est réminiscence d'un lieu d'origine perdu (l'Égypte), d'un exil douloureux. Mais le désert est aussi dans le coeur du poète, se manifestant alors comme une métaphore évoquant la douleur et la mort. Le désert est dès lors espace extérieur aimé et corps-poussière. Il est état du coeur et de l'esprit du poète dont la parole émane parfois comme une douleur issue d'un cimetière.

« De l’âge d’or à aujourd’hui dans les Contes de Kama Sywor Kamanda », Marie-Madeleine STEY, Capital University

Plusieurs contes commencent par nous rappeler qu’ils se passaient à l’âge d’or, aux temps immémoriaux, perdus dans la nuit des âges, quand et les hommes et Dieu vivaient en harmonie et l’argent n’était pas connu des humains, ou quand l’éléphant avait très peur des hommes et le soleil et la chauve-souris étaient de bons amis. Cette communication va étudier la rupture entre l’âge d’or et le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui. D’une comparaison avec d’autres mythes traitant des origines du monde et des causes du mal émergera ce qui est propre à l’humanisme africain de Kama Sywor Kamanda.

« Le fantastique et le concept du sacrifice dans la narration de Kama Sywor Kamanda », Tea ŠTOKA, Université de Ljubljana

Dans ses textes l'écrivain congolais d'origine égyptienne Kama Sywor Kamanda propose plusieurs fois le concept du sacrifice. Mais sa réalisation de ce concept est sujet chaque fois à de petites modifications regardant la mythologie africaine et l'imaginaire collectif des peuples d'Afrique centrale. Je propose dans ma communication de montrer la différence entre le concept et le rôle du sacrifice kamandiens et la fonction du sacrifice dans la culture occidentale européenne. Le rôle de la victime (le protagoniste de ses contes meurt quelquefois violemment) diffère énormément de ce qu’on trouve dans la culture européenne. La victime se transforme miraculeusement en un être différent, par exemple un oiseau. En outre, les éléments fantastiques dans les textes de Kamanda ont une fonction complètement autre que ceux des écrivains sud-américains du « realismo magico ». J’essaierai de montrer dans ma communication les différences principales entre les deux modes d'écriture. 

« Des eaux terrestres aux inépuisables eaux de l’éternité dans l’œuvre poétique de Kama Swyor Kamanda », Barbara KELLER, Capital University

Tout lecteur de l’œuvre poétique de Kama Sywor Kamanda y constatera d’emblée la mention fréquente des forces et phénomènes naturels, parmi lesquels figurent de façon primordiale les eaux : rivières, fleuves, mers, vagues, ressacs, marées, torrents, averses et pluies, parmi d’autres. Ces différentes formes de l’eau servent de véhicule au poète pour communiquer, surtout métaphoriquement, les états et les transports de l’âme et du corps, les épreuves de la vie, la liberté autant intérieure qu’extérieure, le désespoir qui mène au néant et l’éveil de la conscience qui conduit à l’absolu.

 

Jeudi 24 juin                           10h45 – 12h15

 

Session I.        Exils, rêves et retours I

Présidente : Mary McCULLOUGH, Samford University

Secrétaire : Karen BOUWER, University of San Francisco

« L'Acadie se refait une beauté sous fond de modernisme et d’humour », Christiane St-PIERRE, écrivaine, Université de Montréal, Claude LE BOUTHILLIER, écrivain, Caraquet

Christiane SAINT-PIERRE : Après 400 ans, la littérature acadienne, traversée d’influences diverses et complexes, s’affirme de plus en plus. Elle se veut moderne et universelle tout en ne cessant pas de représenter la spécificité de ses origines. Exil et enracinement… De nombreux écrivains et écrivaines ont traité dans leurs œuvres de l’exil. Un pays à quitter, un pays à refaire. Un pays intérieur à redéfinir… Un pays à nommer. Errance à travers le temps errance à travers l’histoire. Le dilemme entre rester ou partir est encore très présent dans cette Acadie moderne. Comment s’enraciner dans un pays où les frontières n’existent pas. Nous verrons comment l’exil et l’enracinement se confrontent et s’expriment à travers certaines œuvres acadiennes. Claude LE BOUTHILLIER : Les Acadiens ont développé une arme qui leur donne une parade face aux intempéries du climat et des épreuves de la vie: l’humour, la satire, la taquinerie, le quolibet. Chez les peuples en situation minoritaire il faut en plus de l’esquive et de la ruse, perfectionner l’humour, l’ironie afin d’acquérir un pouvoir sur l’adversaire et permettre de composer avec le quotidien. L’humour faisait aussi partie de la panoplie des outils pour obtenir justice lors des sanctions populaires. Nous retrouvons l’humour en littérature à la fois comme échappatoire et comme prise sur le réel. Dans certaines œuvres acadiennes nous voulons regarder comment l’humour enrichit la littérature. Nous analyserons ainsi quelques oeuvres d’auteurs qui ont publié roman, nouvelle, théâtre et poésie.

« De terre d’écriture à terre d’enfance : retour sur les ruptures dans la littérature francophone du Maghreb », Zahia DRICI, Illinois Wesleyan University

La Transe des insoumis, de Malika Mokkedem, Une enfance singulière et Une enfance algérienne, de Fadela M’rabet, sont à caractère autobiographique. Dans chacune d'elles, il est question d'un retour au pays d'enfance, à travers l'écriture, écriture écrite « ailleurs ». Ce processus de retour, qui symbolise, selon les cas, une quête de soi, une quête d'un sentiment d'appartenance, ou un besoin de renouer les morceaux d'une vie fragmentée, se fait à travers une confrontation avec les ruptures du passé. L'examen de la trajectoire d'une vie et de ses ruptures mène, en quelque sorte, à une certaine forme de réconciliation identitaire, une certaine forme de revendication d'appartenance à un pays, celui de l'enfance, celui que l'on pensait avoir banni ou perdu.

« Histoire, (auto)biographie et exil dans des textes autobiographiques de Leïla Sebbar », Carine BOURGET, University of Arizona

Cette communication examine les obstacles créés par l’exil physique, linguistique et culturel dans la transmission de la mémoire individuelle et de l’Histoire dans des textes autobiographiques de Sebbar. J’examinerai la relation ambivalente que l’auteur entretient avec l’arabe, langue associée à sa famille paternelle mais surtout au souvenir d’insultes quotidiennes que des garçons arabes lui lançaient sur le chemin de l’école. Cette communication analysera les variantes qui apparaissent dans les différentes versions de cette scène, mentionnée dans des textes qui vont de 1978 à 2003, et montrera le rôle joué par la guerre civile dans la reconstruction de ce souvenir.

« Marie-Léontine Tsibinda : rêves de souveraineté », Karen BOUWER, University of San Francisco

L’amour du sol natal marque l’œuvre de Tsibinda dès la parution de ses premiers recueils : Poèmes de la terre, Mayombe (1980). Mais l’inquiétude ronge déjà ces vers qui voient le jour sous un régime politique intolérant du moindre témoignage de dissidence. La promesse d’un meilleur avenir se lit à travers les pages rassemblées lors de la Conférence Nationale Souveraine de 1991 par Tsibinda, Moi, Congo ou les rêveurs de la souveraineté. Ironiquement, ces pages ne paraîtront en 2000 qu’après une série de déceptions cruelles : élections démocratiques suivies de violente agitation civile, une guerre civile et la restauration au pouvoir de Nguesso. Et l’exil de la poète elle-même. Mais ces rêves littéraires d’espoir, de foi même, où se manifeste un amour acharné, déchirant, du pays natal, de ses paysages et ses peuples, correspond sans doute au sens que leur donnent René Char : poésie-rêve, une salve d’avenir. Ce sont les marques de cet itinéraire, jalonné de rêves de souveraineté, que nous tenterons de tracer dans les écrits de celle dont l’œuvre marque « l’entrée d’une femme écrivain dans la famille littéraire congolaise » en 1980.

 

Session II.       L’altérité et ses représentations I

Présidente : Loren RINGER, Université de Rennes II

Secrétaire : Ilie MINESCU, Université de l’Ouest, Timisoara

« Identité et altérité dans la poésie canadienne contemporaine », Christiane MELANÇON, Université du Québec en Outaouais

Carrefour discursif où s’entremêlent, s’échangent et s’imbriquent de multiples voix et points de vue, la poésie canadienne francophone (québécoise, acadienne, ontarienne...), donne forme à un dialogue perpétuel entre identité et altérité. Un inventaire des marqueurs de l’identité et de l’altérité parmi le corpus de production poétique du XXe siècle sera suivi d’une analyse. Nous présenterons un échantillon représentatif des divers espaces poétiques ainsi observés : refus, consolation, affirmation, revendication, métissage et inscription dans la postmodernité.

« Le voyage intérieur : topographies de l'immuable chez Henri Michaux », Ana PALANCIUC, Université Paris IV-Sorbonne

Partir sur les chemins sillonnés de l’imaginaire, partir réellement, pour se reconstruire une voie, sa voie, partir pour mieux habiter en soi-même, tels pourraient être les ressorts de chacun des récits de voyage d’Henri Michaux, qu’il s’agisse d’explorer des territoires réels ou fictifs, de l’Espace du dedans, au Lointain intérieur, du Voyage en Grande Garabagne, Au pays de la magie et jusqu’à Ecuador et Un barbare en Asie. Notre parcours de ces récits de voyage de Michaux essayera de garder les mêmes cadences que le trajet du poète, au-delà de la parole, au fur et à mesure de l’incursion : des espaces qui, une fois traversés, peuvent ouvrir, ou faire croire possible l’ouverture d’un domaine à l’intérieur duquel se puisse attendre l’Advenue, des espaces qui rendent possible la remontée et le séjour dans ce qui demeure éternel, dans ce qui peut rendre à l’être la présence à soi. Peu importe le chemin, le périple reste spasmodique, heurté à ses propres obstacles, transformant moyens et directions, parfois mouvement giratoire dans les convulsions de la conscience, décharge et secousse, très peu soumis à un trajet géographique bien établi. Quitter son lieu pour le recevoir dans sa plénitude et dans ce qu’il a d’éternel, sortir de soi-même pour se retrouver, s’arracher à l’habituel, au convenu, aux complaisances quotidiennes deviennent les obsessions de chacun des voyages d’Henri Michaux et le départ se révèle ainsi d’autant plus nécessaire qu’il reste le seul moyen d’atteindre et d’accéder à son propre présent.

« Le discours de l’altérité dans les documents VIFAX », Ilie MINESCU, Université de l’Ouest, Timisoara

Les documents VIFAX sont des séquences didactisées des journaux télévisés qui passent sur TV5 ( journaux francais, suisse, belge, canadien). Mon intervention porte sur le discours de l'altérité dans les reportages télévisés : le regard official (reporters ou commentateurs) et le regard non-officiel. Je me propose d'analyser des clichés et des stéréotypes au niveau verbal et gestuel.

« Les mots pour le d(écr)ire dans l’œuvre d’Agota Kristof », Loren RINGER, Université de Rennes II

Dans la trilogie d'Agota Kristof Le Grand Cahier, La Preuve et le Troisième mensonge, l'écriture joue un rôle important à la fois sur un niveau thématique aussi bien que dans la trame structurante des romans. Nous examinerons les emplois divers de l'écriture comme outil de la formation de l'identité, comme un geste politique pour assurer sa liberté face au régime totalitaire et comme un exercice philosophique qui tente de mettre à nu le pessimisme ambiant du 20ème siècle. La métaphore du double informe cette écriture en créant un jeu de miroir dans lequel les personnages principaux co-existent mais où leur double identité reste néanmoins ambiguë et court le risque de s'anéantir à tout moment. En analysant le geste d'écrire comme un acte salutaire de survie dans un monde d'oppression, nous tenterons de faire paraître les effets libérateurs que peut procurer l'écriture.

 

Session III.     Le Clézio à la croisée des chemins et des arts

Président : Bruno THIBAULT, University of Delaware

Secrétaire : Sophie BERTOCCHI-JOLLIN, Université de Versailles, Saint Quentin

« Le Clézio et la référence cinématographique », Isa VAN ACKER, Université d’Anvers

De diverses façons, J.M.G. Le Clézio témoigne de sa fascination pour l'art cinématographique. Dans sa jeunesse, l'auteur joue un rôle de figurant dans un film de Mario Camerini ; à l'occasion du 40e anniversaire du Festival de Cannes, il introduit les chroniques de Robert Chazal par un texte intitulé « La magie du cinéma » (Hatier 1987) ; en 1988, il préface les Notes sur le cinématographe de Robert Bresson ; enfin, le cinéma apparaît aussi dans son oeuvre romanesque : le protagoniste masculin de Hasard (1999) est un cinéaste, et le roman récent Révolutions (2003) renvoie à Blow Up, film-culte d'Antonioni. Nous proposons d'examiner les propriétés que Le Clézio assigne au cinéma dans ses préfaces, et d'interroger le sens que la référence cinématographique acquiert à l'intérieur de ses romans, pour vérifier dans quelle mesure les écrits non fictionnels et le discours romanesque lecléziens convergent ou diffèrent à propos de la place qu'ils accordent au septième art. 

« Le Clézio, la chanson et le phrasé musical », Sophie BERTOCCHI-JOLLIN, Université de Versailles, Saint Quentin

Les caractéristiques de la phrase leclézienne ont été étudiées en détail par S. Laumaillé, notamment à travers les exemples de Désert et du Chercheur d'or, pour mettre en relief les procédés qui confèrent à la prose une dimension poétique. Cependant l'étude de la phrase leclézienne dans des textes plus récents -- particulièrement dans Poisson d'or -- permet de souligner ses liens avec l'univers musical (jazz et chanson populaire) qui est présent non seulement au niveau thématique mais aussi au niveau de la structuration syntaxique. Dans notre communication nous montrerons donc que la musicalité de la phrase leclézienne n'est plus envisageable dans le cadre traditionnel d'une prose poétique mais qu'il s'agit plutôt d'une forme « trans-sémiotique » caractéristique de la modernité.

« Le Clézio et le Pop Art : Arman, Raysse, Tinguely et Klein », Bruno THIBAULT, University of Delaware

Cette communication se divise en deux parties. Dans la première partie, nous montrerons l'influence considérable exercée par les peintres et les sculpteurs de l'école de Nice (Arman, Klein, Raysse, Spoeri, Tinguely) sur les premiers romans de Le Clézio. Nous discuterons en particulier les techniques descriptives dérivées du Pop Art français qui alimentent la critique virulente du consumérisme des années 60 dans Le Procès-Verbal, dans La Guerre et dans Les Géants. La seconde partie de notre communication sera consacrée à l'influence de deux femmes peintres nord-américaines, Frida Khalo et Georgia O'Keefe, sur l'oeuvre de Le Clézio à partir de la fin des années 70. Nous discuterons l'art du portrait de Frida Khalo dans le livre que Le Clézio lui a consacré, Diego et Frida (1993). Puis nous analyserons la signification de certains paysages du Nouveau-Mexique inspirés par O'Keefe dans quelques textes lecléziens (notamment Voyages de l'autre côté et Peuple du ciel).

 

Session IV.      Les écrivaines québécoises contemporaines

Présidente : Heather A. WEST, Samford University

Secrétaire : Alisa BELANGER, Université McGill

« Gabrielle Roy et les maux de l’Homme moderne. Alexandre Chenevert et la Shoah », Christine POIRIER, Université McGill

Dans cette communication, je me propose d'examiner la conscience et les manifestations de la Shoah dans Alexandre Chenevert, le troisième roman de Gabrielle Roy. Écrit après la Seconde guerre mondiale, le roman oscille entre deux pôles diamétralement opposés : l'espoir d'une paix universelle et la désolation liée à l'absurdité du monde. Les liens entre la mémoire du génocide et le sentiment de culpabilité d'Alexandre seront mis en valeur, montrant que l’avènement du génocide juif a exacerbé la sensibilité du personnage et a rendu possible des réflexions existentielles au sein du roman.

« ‘Gender’ dans l’œuvre de Marie-Claire Blais ou le refus de toute fixité », Noëmi RAL, Université du Québec à Montréal

Si le concept du « gender » a envahi les milieux intellectuels depuis les années soixante-dix, l’on ne peut s’étonner que Marie-Claire Blais, qui a déclaré maintes fois sa volonté d’être un « témoin de son époque », s’y est intéressée. Dans ce contexte, nous proposerons une étude de Pierre (1984) où la romancière met en scène une grinçante parodie de la représentation binaire du féminin/masculin véhiculée par les médias. Nous analyserons comment Blais subvertit efficacement cette vision patriarcale, oppressante pour les deux sexes. Finalement, nous verrons que Pierre rejoint ainsi son projet général qui vise à prôner la liberté de l’individu et à refuser tout conformisme aux stéréotypes.

« La poésie-correspondance des écrivaines québécoises : l’exemple de Denise Desautels », Alisa BELANGER, Université McGill

Cette communication se penchera sur la spécificité générique de la correspondance entre Denise Desautels et dix autres poètes québécoises publiée dans Femmes de lettres (1989) et Lettres à Cassandre (1994), afin d'y examiner la frontière entre l’épistolaire et le poétique. Faut-il définir ces textes comme lettres poétiques ou poèmes épistolaires ? Comment participent-ils à la récente tradition de l’écriture intime au Québec ? Pour essayer de répondre à ces questions, on analysera ici l’évolution du « pacte autobiographique », négocié et modifié au fur et à mesure de l’échange de la poésie-correspondance, en considérant particulièrement sa façon d’agir sur la représentation de l’amitié entre femmes.

« Manifestations culturelles dans Presque rien de Francine D’Amour », Heather A. WEST, Samford University

Cette communication examinera ce que les vêtements et les objets banals tels que les icônes, les colifichets, et les meubles révèlent de leurs détenteurs citadins. Les tissus, les styles, et les couleurs des vêtements de certains personnages marquent le décalage qui existe entre ce qu’ils sont et ce qu’ils désirent être. Pour d’autres personnages, leurs vêtments et leurs possessions ne font que de souligner leur dépaysement et leur manque d’adaptation à la vie moderne. On verra que ces choses matérielles ne rendent pas heureux les personnages.

 

Jeudi 24 juin                           14h15 – 15h45

 

Session I.        Espaces et imaginaire dans la création belge

Présidente : Béatrice LIBERT, écrivaine, Liège

Secrétaire : Judy COCHRAN, Denison University

« Où habitent les innommables ? », Francis TREMBLAY, Université du Québec à Montréal

Les Innommables, paru dans Spirou en 1980, a provoqué des remous dans la B.D. L'étude sémantique et iconique exposera pourquoi ils sont identifiés comme innommables et explorera les espaces réalistes et imaginaires d'une série culte.

« Le dehors et le dedans : espaces romanesques dans Le Jour du chien de Caroline Lamarche », Renée LINKHORN, écrivaine, Youngstown State University

Le Jour du chien : lecture centrée sur la polyvalence des notions d'espace : lieu réel et virtuel, configuration géométrique, donnée psychique et rythme vital, principe structurel qui se développe en variations sur ce thème.

« La Terre-Mère : un dialogue avec quelques poètes de Belgique », Judy COCHRAN, Denison University

La Terre-Mère, un dialogue avec des poètes belges explore le rapport entre le poète et la terre, source de la parole et de l'accomplissement de l'être.

« Bruges-la-Morte de Rodenbach : espace matriciel et espaces gigognes », Béatrice LIBERT, écrivaine, Liège

Voyage au sein de Bruges-la-Morte afin d'explorer les lieux matriciels et gigognes, sacrés et profanes d'un labyrinthe qui donne sur la mort.

 

Session II.       Kama Sywor Kamanda – l’homme et l’œuvre

Présidente : Marie-Madeleine STEY, Capital University

Secrétaire : Barbara KELLER, Capital University

« Une lecture des contes de Kama Sywor Kamanda : actualité et universalité », Mwamba CABAKULU, Université Gaston Berger de Saint-Louis, Sénégal

Malgré les progrès réalisés par l’Afrique dans divers domaines, les contes occupent encore une place importante dans l’acquisition des connaissances et dans l’enseignement. Eléments du terroir, ils renferment d’inestimables richesses grâce auxquelles, par le système de représentations symboliques, les sociétés africaines se construisent la morale de « l’honnête homme » africain. La lecture des contes de Kama Kamanda nous révèle des modèles de divers ordres (thématique, littéraire, esthétique, didactique) dont la modernité et l’universalité nous éclairent sur nos sociétés actuelles. 

« La métamorphose dans Les Contes du Griot », Emma Biloa, Université Paris IV-Sorbonne

Avant d'être un mythe et un thème littéraire, la métamorphose est avant tout un phénomène observable dans la nature : la chenille se transforme en papillon, un volcan endormi entre soudain en éruption, la graine devient plante... Dans le continuum de la matière tout est métamorphose. L'homme lui-même ne passe-t-il pas par les étapes que sont la jeunesse, l'âge adulte et la vieillesse ? Sans parler d'autres perturbations comme la maladie. Aussi peut-il, à l'instar d'un démiurge, créer des métamorphoses à volonté. Ce sont, précisément, celles qui retiennent notre attention. Dans les Contes du Griot de Kama Kamanda, le thème est récurrent. Rien d'étonnant me direz-vous, il s'agit d'un thème que l'on rattache souvent au genre du conte. Bien plus qu’une simple ornementation du récit, elle participe à un imaginaire collectif et aux différents modes de pensée qui en découlent. L'intérêt de mon étude porte donc sur les protagonistes, aussi bien le héros que les personnages secondaires qui subissent ou génèrent ce phénomène. Autrement dit, comment le thème est revisité par Kama Kamanda par rapport au texte fondateur d'Ovide, au récit merveilleux et à la littérature fantastique du 19ème siècle […].

Lecture, Kama Sywor KAMANDA, écrivain, Luxembourg

 

Session III.     Femmes, littérature et constructions identitaires II

Présidente : Sabine LOUCIF, Hofstra University

Secrétaire : Nora COTTILLE-FOLEY, Georgia Institute of Technology

« Écritures masculines chez Sollers, Toussaint et Houellebecq », Philippe MOISAN, Grinnell College

Parallèlement à la thématique de l’écriture féminine, je me propose d’explorer le problème de l’écriture masculine notamment dans ses rapports à l’espace de la féminité, à travers certains motifs récurrents comme le désir, le statut social de la femme et de l’homme, la paternité et ainsi de suite. Dans cette optique, les œuvres de Philippe Sollers, de Jean-Philippe Toussaint ou de Michel Houellebecq sont particulièrement intéressantes dans le sens où les personnages de leurs livres sont souvent des archétypes de l’homme post-patriarcal obligé de réinventer ou de désinventer de nouveaux rapports avec la féminité. Il s'agit entre autres de retracer les lignes de force, les évolutions de ce rapport, en particulier chez les narrateurs des textes de Toussaint qui permettent de faire une radiographie du rapport masculin/féminin sur une période d’environ vingt ans.

« Du non-dit au nom dit », Bernadette GINESTET-LEVINE, Clemson University

La quête identitaire s’inscrit au cœur du désert, lieu fondamental, où la personne s’invente au fur et à mesure de son cheminement intérieur. S’inscrire sur le vide ou faire résonner son nom contre le silence, c’est prendre possession de l’espace et y laisser sa trace absolue. Cyre, Marie, Athanasia, dans Les Marches de sable d’Andrée Chedid, Sarah dans Timimoun de Rachid Boudjedra, Janine dans « La Femme adultère » d’Albert Camus, et Isabelle Eberhardt dans son œuvre-vie, font toutes l’expérience du désert. Leur dé-marche porte la marque d’un désir d’affranchissement, une volonté de transgresser leur propre frontière. Ce sont des femmes en marche, qui entretiennent avec l’espace désertique un rapport de réciprocité. Le désert est pour elles le topos d’un non-dit à interpréter et à conquérir sans cesse dans le sable et le mouvement. Du non-dit au nom dit, elles cheminent.

« Espace et dé/constructions identitaires chez Marie Ndiaye, du local au global », Nora COTTILLE-FOLEY, Georgia Institute of Technology

Dans les oeuvres de Marie Ndiaye, les personnages féminins fluctuent entre un espace domestique traditionnel et un espace public turbulent. Si le premier semble rassurant au premier abord, il se trouve rapidement dé-familiarisé tandis que se dessinent de sourdes menaces d'asphyxie et de paralysie. Pour les personnages féminins éjectés bien souvent contre leur gré de ce pôle d'attraction hypnotique, la projection dans l'espace public à l'ère de la globalisation ne représente pas une libération. Délogements successifs, errance, et dissolution caractérisent alors les expériences de ces personnages. Cette communication analysera la représentation de l'espace, du local au global, dans l'oeuvre de Marie Ndiaye, et ses implications idéologiques en ce qui concerne la construction identitaire des femmes telle que médiatisée par le roman contemporain.

« Femmes, immigration et adaptation à travers quelques films : réussite possible ? », Astrid BERRIER, Université du Québec à Montréal

 

Session IV.      Identité et hégémonie : perspectives francophones I

Présidente : Nancy VIRTUE, Indiana University Purdue University, Fort Wayne

Secrétaire : Sarah NELSON, University of Idaho

« Pays de cocagne : consumérisme français et vestiges coloniaux dans La Vie sur terre », Elizabeth LOCEY, Emporia State University

Le film d'Abderrahmane Sissako – qui commence par de longs plans filmés dans un Monoprix de Paris juste avant Noël – montre un contraste marqué entre le consumérisme parisien et la gêne à Sokolo, le village malien du père du réalisateur. Pourtant, on ne peut pas dire que la vie à Sokolo soit denigrée : bien au contraire.

« Regards ethnographiques, de Léry au cinéma colonial », Sarah NELSON, University of Idaho

Cinéastes des années trente, explorateurs du seizième siècle, voire impresarios des « zoos humains » du dix-neuvième – tous cherchaient, au service de leurs propres intérêts, les moyens de représenter l'autre. Inspirée des idées de Michel de Certeau et aussi de Charles O'Brien, cette communication traitera du regard ethnographique dans différents contextes et de divers modes de représentation de l'altérité. On posera aussi la question des buts de cette représentation, dans une économie sémiotique où, souvent, authenticité égale incompréhensibilité.

« Les morts ne sont pas morts : l’ombre hégémonique de la France dans la construction de l’identité post-coloniale en Afrique ‘francophone’ », Marc PAPÉ, Dickinson College

La grande majorité des pays Africains dits « francophones » sont dans la période de célébration de leur quarantième année d’indépendance. La célébration de ce très solennel quarantième anniversaire aurait du se traduire par l’indépendance complète de ces nations par la rupture de tout rapport d’inégalité avec la France, leur ancienne puissance coloniale. Mais tout indique que la France continue de jouer un rôle prépondérant dans cette région d’Afrique, un rôle qui peut-être, est beaucoup plus accentué aujourd’hui qu’au temps de la colonisation. Qu’est-ce qui explique la présence continue de l’ombre de la France dans ses anciennes colonies d’Afrique longtemps après les cérémonies d’indépendance ? Pourquoi, plus de quarante ans après, la France continue-t-elle de hanter, comme un fantôme, les sociétés de son ancien empire colonial d’Afrique ? Pourquoi le divorce de l’indépendance politique n’a-t-il pas abouti à une rupture systématique entre les deux partenaires ? Deux exemples qui illustrent assez bien le rôle hégémonique de la France dans la construction des identités post-coloniales en Afrique « francophone » seront analysés dans la présente étude : les guerres civiles ou ethniques et la politique linguistique post coloniale de ces pays. Les leçons tirées de l’analyse de ces deux illustrations nous conduiront à proposer un nouveau schéma d’analyse des « relations privilégiées » entre la France et l’Afrique dite « francophone ». En effet, l’intérêt pour la France de préserver sa position privilégiée en Afrique « francophone » par la manipulation stratégique des conflits identitaires, et l’incapacité et/ou le manque de volonté de la part de l’Afrique « francophone » de rompre sa subordination à la France nous amèneront à analyser la relation « françafricaine » comme une relation polygamique dans laquelle les deux partenaires inégaux ont intérêt à préserver leur filiation malgré le divorce de l’indépendance formelle. Pour cette raison, même si l’amour pour la France s’est éteint dans le cœur de ses anciennes colonies d’Afrique, l’ombre de la France continuera de hanter la vie de ses femmes polygamiques d’Afrique « francophone » pour un long temps à venir. 

« Le voile et la caméra : l’hégémonie européenne exposée dans La Bataille d’Alger », Nancy VIRTUE, Indiana University Purdue University, Fort Wayne

Cette communication traitera la représentation des Français dans La Bataille d’Alger (1965) de Gillo Pontecorvo. Pontecorvo, italien et sympathisant du FLN, est un des premiers réalisateurs européens à représenter à l’écran la guerre d’Algérie d’une perspective « algérienne » – c’est-à-dire, en Algérie, avec des acteurs algériens et d’un point de vue qui critique la présence coloniale des Français. Pontecorvo insiste sur la complexité de représenter, en tant qu’Européen, la perspective colonisée en impliquant sa propre caméra dans l’hégémonie. Cette communication examinera les stratégies qu’emploie Pontecorvo pour exposer et donc mieux interroger le regard « colonisateur ».

 

Jeudi 24 juin                           16h00 – 17h30

 

Table ronde    L’atelier d’écriture chez Dumitru Tsepeneag

Modératrice : Raymonde BULGER, Graceland University

« Anatomie et mode d’emploi d’un livre bilingue : ‘Le mot sablier’ de Dumitru Tsepeneag. Chronique d’une double traversée, interlinguistique et interculturelle », Nicolae BIRNA, Institut G. Calinescu, Bucarest

« Fonctionnement du sablier chez Tsepeneag », Jeno FARKAS, Université de Budapest

« Dumitru Tsepeneag : composition de la décomposition », Virgil TANASE, Centre Culturel Roumain, Paris

« De la nouvelle au cinéma : Roman de gare. Variations sur l’‘Attente’ », Jean-Pierre LONGRE, Université Jean Moulin, Lyon III

« La tapisserie francophone de Tsepeneag : intertextualité et métissage », Margareta GYURCSIK, Université de l’Ouest, Timisoara

« Recherche d’une possibilité de l’expérience littéraire : un fac-simile ‘pigeon volé’ », Raymonde BULGER, Graceland University

Commentaires, Dumitru TSEPENEAG, écrivain, Paris